
Le 15 juin dernier, le ministère du Transport avait procédé au déchargement du premier lot de 111 nouveaux bus venant de Chine. A la même date, la Fédération syndicale du transport envoyait son préavis de grève de trois jours (30, 31 juillet et 1er août).
Autre coïncidence: cette grève survient juste une semaine après la mise en service (le 24 juillet) de 20 de ces nouveaux bus !
La Presse — Abstraction faite de la légitimité ou non de ces mouvements de débrayage, le simple citoyen ne peut s’empêcher de s’interroger sur ces coïncidences troublantes.
Pourquoi ?
Les responsables syndicaux de ce mouvement avancent des arguments que tout le monde connaît et qui se répètent à chaque occasion dès qu’une opportunité se présente.
Des revendications syndicales qui remonteraient, selon les syndicalistes, à 2017 refont surface à un moment où le secteur du transport en commun commence à reprendre des couleurs.
Jamais le secteur n’avait connu un tel bouleversement aussi favorable avec l’acquisition et les commandes de plus d’un millier de bus en un laps de temps aussi court. Depuis 2011, les Tunisiens ont souffert de conditions déplorables pour se déplacer vers leurs lieux de travail ou d’enseignement ou pour accomplir d’autres démarches. Les syndicats n’avaient pas protesté, alors, contre cette situation ni revendiqué de meilleures conditions de transport pour les Tunisiens.
A ce moment-là, justement, ces derniers se voient contraints d’affronter une grave crise. Trois jours de grève où ils ont dû faire preuve d’ingéniosité et consentir des sacrifices pour honorer leur engagement à servir le pays et ne pas s’absenter de leur travail quel qu’en soit le prix.
Ils ont consenti à payer cher leurs déplacements à bord de taxis collectifs ou individuels. D’autres ont eu recours au covoiturage. D’autres encore ont sollicité, provisoirement, l’hospitalité chez des amis ou parents proches de leur lieu de travail.
Colère populaire
En somme, l’écrasante majorité des gens estime que cette grève n’a pas lieu d’être et à plus forte raison en ce moment précis. L’impopularité de cette mesure syndicale est telle qu’on retrouve des messages virulents à l’encontre de ses auteurs sur la page officielle de l’Ugtt.
La colère est d’autant plus grande qu’ils pensent que derrière ces mouvements (annonce de grèves prochaines à la Sncft, dans les bacs de Djerba, dans les sociétés régionales et d’autres secteurs liés au transport) il y a des desseins à peine voilés.
D’ailleurs, pourquoi déclencher un tel mouvement maintenant ? Pourquoi avoir attendu si longtemps avant d’agir ? Et pourquoi trois jours de suite ?
Cette démonstration de force est malvenue et ne peut que compromettre encore plus l’image des mouvements syndicaux.
Au lieu de gagner l’estime de la population, les instigateurs de ce mouvement ne font qu’élargir un peu plus le fossé qui les sépare de la masse populaire et même de leurs bases syndicales.
Revendications excessives
On en veut pour preuve la réaction de la plupart des citoyens. Ces derniers ont été très sensibles aux arguments donnés par les autorités officielles et par le ministère. Les revendications des grévistes tels que présentés par la partie syndicale sont jugées excessives.
En outre, on reste pantois devant la position d’un responsable syndical de ce mouvement de grève que les sociétés de transport ne sont pas tenues d’assurer un équilibre budgétaire étant donné qu’elles ont un rôle social !!!
La réponse est simple: quelle que soit l’entreprise, l’obligation de réaliser des bénéfices est une condition sine qua non. C’est une des règles parmi les plus élémentaires de l’économie. Ce n’est pas parce que les entreprises appartiennent à l’Etat qu’elles doivent “jeter l’argent par les fenêtres”. L’argent du contribuable, bien sûr !
Il faudrait, alors, voir combien ont coûté ces trois jours à l’économie tunisienne. Plus d’une centaine de milliards ? D’aucuns le pensent.
L’ont saisit, ainsi, qu’avec cette mentalité de certaines parties syndicales, pourquoi beaucoup d’entreprises publiques sont déficitaires alors que d’autres sont au bord de la faillite.